“C’est de la mythologie, expliqua Ethan. C’est Hélène de Troie, c’est sûr.
- Mais j’y connais rien, moi, en mythologie, pesta la petite fille. Pourquoi mon Papa aurait fait une énigme si je peux pas la résoudre ?”

Ethan haussa les épaules, sans grand intérêt. Il creusait sa mémoire à la recherche de fragments de l'Iliade.

“- Peut-être qu’il voulait que tu profites des énigmes pour parler à d’autres personnes… Je crois que c’est Agamemnon, le ravisseur d’Hélène !
- Mouais… Ca a pas l’air de coller avec le reste. Il y a une histoire de ton gars et d’une pointe de fer ? Ou avec des lumières ?
- Il y a l’histoire du Titan qui amène le feu aux hommes. Mais c’est Prométhée, de mémoire.
- Ca nous avance à rien. Je comprends pas le sens de cette énigme.
- Attends… C’est peut-être pas Agamemnon. Non, plutôt Priam… Ou alors Pâris… Ou bien Achille…
- Pâris ? Comme la ville ? demanda-t-elle.
- Euh oui, ça s’écrit presque pareil. Pourquoi ?
- Bah, Paris, c’est la Ville-Lumière ! Ca colle assez…
- Et une pointe de fer ?
- La Tour Eiffel ! Je l’ai vue depuis l’avion… Mais oui, c’est sûr, c’est ça !”

Le garçon soupesait les arguments. Tout cela faisait sens. Il n’y avait qu’un petit défaut à cette théorie.

“- D’accord. Admettons. Mais tu as beau être maline et marcher vite, je vois pas comment tu vas faire pour aller à Paris. Ca fait un bout de chemin quand même…
- Un peu oui, pouffa la fillette. Mais pas grave ! Je sais ce que ça veut dire.
- Ah bon ? Et ça veut dire quoi ?
- Papidou et Mamita, les parents de mon Papa, ils habitaient à Paris avant de venir ici. C’est là-bas que je dois aller, expliqua-t-elle avec entrain. En plus il va être l’heure de manger, donc…
- Ah ok. Bah, je vais rentrer chez moi aussi alors.
- Oui. Tu sais, si tu veux on pourra se reparler à l’école. Si ça te dit.
- On verra, oui, conclut le garçon en s’éloignant de son côté.”

La petite fille pensait déjà à ses grands-parents. Elle adorait aller les voir. Ils étaient gentils comme tout et la couvraient de bisous. Et puis, ils étaient… Papa disait zen, Maman disait qu’ils avaient un autre rythme. Mais ce qui était sûr, c’est que chez eux, on ne courrait pas après le temps ou la perfection. C’était plutôt reposant.

Elle commençait à avoir bien soif quand elle arriva. Papidou s’occupait à tailler un arbuste, avec plus ou moins de bonheur. Dès qu’il la vit, il lâcha ses outils et vint lui faire un gros câlin tourbillonnant.

“- Pile à l’heure, ma Sarite. On t’attendait et on allait passer à table. Ca va à la maison ? C’est Mamita qui va être contente de te voir : elle a fait de la dinde.
- Vous m’attendiez pour manger ?
- Oui. Ton Papa nous a dit que tu viendrais pour manger avec nous.
- Mais comment il a su à quelle heure j’arriverais ?
- Ah ça, moi je sais pas, faut voir ça avec lui. Mais avant ça, j’ai quelque chose pour toi !”

Et il lui tendit la bandelette de papier.

Petit four quand on le mange,
Convertible quand on le range,
On aime bien s'y enfoncer.
Et du premier, se régaler.