La jeune fille regardait avec appréhension les armes à feu. Elle n'était pas très à l'aise dans cet environnement. Ethan fit son possible pour la rassurer.

“Tu n'as pas à t'inquiéter, dit-il. Regarde : les armes sont solidement relié au râtelier par une chaîne. Et au bout, il y a un verrou. Gunny n'est pas du genre à transiger sur la sécurité. Et puis d'ailleurs…
- Tu vas me dire que les armes ne sont pas dangereuse ?”

Tant qu'ils n'avaient pas résolu l’énigme, Gunny les avait réquisitionné comme assistants au nettoyage de l'armurerie. L'endroit était pourtant aussi propre qu'une salle d'opération. Depuis qu'ils étaient ici, c'est tout juste s'il avait récupéré un peu de sable.

“- Effectivement. Ce ne sont pas les armes qui sont dangereuses, ce sont les…
- Ce sont les personnes, oui je sais. Mais mon Papa a dit qu'avec ce genre de raisonnement, tu n'arrives à rien.
- Bah moi, je trouves ça assez juste : c’est toujours quelqu’un qui tient l’arme, n’est-ce pas ?”

La jeune fille se renfrogna. Elle aurait aimé pouvoir clairement exprimer son opinion - ou plus exactement l’opinion de son Papa.

“- Le problème, c’est la notion de ‘danger’. Elle n’est pas clair : elle inclut le facteur de risque et oui tu as raison, le facteur de risque vient presque toujours des gens.
- Tu vois !
- Oui, mais il n’y pas que le facteur de risque : il y a aussi la capacité de nuisance. C’est comme le chihuahua et le pitbull. Ils ont le même facteur de risque : ce sont des chiens, ils défendent leur territoire. Mais ils n’ont pas la même capacité de nuisance. Mieux vaut avoir affaire avec un chihuahua qu’avec un pitbull, non ?
- Euh, oui.
- Bah, c’est pareil. Le facteur de risque vient bien des gens, mais la capacité de nuisance est liée aux armes elles-même.”

Le garçon ne répondait pas. L’argument avait fait mouche, ou en tout cas, il le faisait réfléchir. Elle avait réussi à donner corps aux idées de son Papa, tout en rajoutant sa touche personnelle (la métaphore des chiens). Elle était très contente d’elle : elle se savait plus douée pour la logique que pour les débats.

“- Mmm, je vais y réfléchir. Ta Maman est d’accord avec lui ?
- Euh… pas vraiment, non. Elle dit… Elle dit que c’est une réflexion d’intello.”

La remarque fit glousser Ethan. Il n’avait pas de doute sur le fait que le Papa de son amie était effectivement un intellectuel. Et puis d’ailleurs, on ne devenait pas chirurgien juste comme ça. Son goût pour les énigmes en était un autre exemple. C’était sympa qu’il le transmette à sa fille. Ethan était un peu jaloux de cette complicité…

“- Il faut vraiment qu’on résolve cette énigme !
- Je le sais bien et je cherche toujours… Mais catapulte, trébuchet, rien ne colle.
- Quelque chose nous échappe, c’est sûr. Et en plus je ne vois pas le rapport avec le chameau !
- Moi non plus. On risque bien de passer notre journée à balayer le sol, même s’il n’y a pas un seul bélier.
- Mouton, on dit mouton, pour la poussière.
- Je sais oui ! Mais le bélier, c’est aussi une machine de guerre, n’est-ce pas ?
- Oui !
- Et un signe astrologique, un signe de naissance !
- Cette fois, je crois qu’on a trouvé.”

Une minute plus tard, Gunny leur donnait l’énigme suivante :

En berceau ou surbaissée,
celle du ciel n'est pas celle du palais.