“- Un animal ?
- Ça serait logique. Mais c'est peut-être une fausse piste. Je pensais plutôt à un objet.
- Oui, les ailes, ça peut être pris au sens figuré. Comme les ailes d'un bâtiment par exemple.”

La jeune fille se retourna, et jeta un dernier regard à la Synagogue.

“Tu y vas souvent toi, à la Synagogue ? Demanda-t-elle.
- Oui, bien sûr. Assez régulièrement. Pas toi, n'est-ce pas ?”

Elle préféra éluder la question. Beaucoup de choses pouvaient avoir des ailes. Animaux, objets, bâtiments, véhicules. Et même…

“- Oh, je sais. C'était facile. Comme le nez au milieu de la figure !
- D'accord, alors dis-moi.
- Mais, je viens de faire.
- Non, tu n'as rien… ah oui, je vois. C'est rigolo ! Et ça nous mène où ?
- Ça, tu ne peux pas le savoir. Ma grand-mère a travaillé dans une parfumerie. Elle y était nez. Cela veut dire qu'elle travaillait à l'élaboration des fragrances. J'adore quand elle me raconte des histoires de cette époque.
- Ah oui, ça doit être sympa. Bon, j'imagine que ça veut dire qu'on se revoit une autre fois.
- Tu sais, on peut faire le chemin ensemble, si tu veux. Et puis, on se reverra à l'école. Maintenant, on sait qu'on peut être amis.”

Ethan était un peu mal à l'aise par rapport à cette remarque. Quoi qu'en dise le papa de la petite fille, il n'avait pas l'impression d'être un bon ami. L'esprit de corps, la camaraderie était des valeurs extrêmement importante dans sa famille. Dans son école, il était pour ainsi dire, l'ami de tout le monde. À une exception près.

“- Il faut que je te dise quelque chose. Je n'ai pas été tout à fait honnête.
- C'est-à-dire ? La jeune fille était alarmée par la voix d'Ethan.
- Tu sais, mes parents ne s'entendent pas trop en ce moment. Ça ne devrait pas, mais parfois, ça m'empêche de réfléchir. Je n'arrête pas d'y penser.
- Oui, je pense que je comprends ça.
- Un soir, à l'internat, l'administratrice Stein est passée. Pas pour moi. Mais n'empêche, elle est restée pour discuter. C'était plutôt gentil de sa part. Elle a cherché à me rassurer. Elle pense que je suis… elle a dit que j'étais le deuxième élève le plus brillant de toute l'école.
- Oh, et le premier…
- La première, en fait. Il s'agit de toi.
- Pas possible, je suis plusieurs classes en dessous de toi.
- Oui, exactement. Je crois que c'est pour cela que j'ai commencé à être jaloux de toi. Enfin, pas vraiment jaloux. Mais tu vois ?
- Oui, je comprends. Enfin je crois.”

La fillette rumina ces informations. Cela expliquait pour beaucoup le comportement d'Ethan à son égard. Sans raison particulière, elle repensa à la toupie devant la Synagogue.

“Je crois que cela ne nous empêche pas d'être amis. D'ailleurs, on peut sans doute se revoir avant la fin des vacances.
- Tu connais l’aviron ? Alors, on pourrait aller au lac. Ca pourrait te plaire.
- Marché conclu !”

Les deux enfants se séparèrent sur cette promesse. Et pendant qu’Ethan s’éloignait, la petite fille frappait à la porte d’une maison : c’est sa grand-mère qui lui ouvrit.

“Savta ! Je suis contente de te voir… Elle embrassa sa grand-mère tout en se tordant le cou pour voir qui d’autre était là.
- Sarite ! Je suis contente de te voir de même. Et si c’est Saba que tu cherches, il est parti voir ta Maman. Il n’y a que nous, un goûter et des énigmes.”

Une fois encore, elle se demanda comment son Papa avait pu si précisément planifier sa journée. Elle dévora son goûter et se plongea dans une nouvelle énigme.

Sachant voler, je n'en suis pas moins bon nageur,
Sur l'échiquier je ne manque pas de raison.