Celle-ci était facile. La petite fille fonça voir sa grand-mère et se jeta dans ses bras.
“Merci Mamita d’avoir mis ton tablier pour nous faire ce bon repas !! J’ai trop aimé.
- C’est le but mon poussin. Tu as réussi ton énigme, alors ? Je ne suis pas aussi douée que ton Papa, mais je vais t’en proposer une, un peu différente. Ca te dit ?”
L’enfant était bien évidemment d’accord. Mamita pris un petit bout de papier, y écrit rapidement quelque chose, et le plaça dans la main de sa petite-fille.
“Tu l’ouvriras tout à l’heure. Maintenant, penses à un nombre entre un et dix, mais ne me dis rien. C’est bon ?
- Oui.
- Multiplie le par neuf.
- Facile.
- Fais la somme des chiffres qui le compose. Par exemple, quarante-trois donnerait quatre plus trois, soit sept.
- D’accord.
- Maintenant retire cinq.
- Oui, facile.
- Maintenant, en partant du principe que A vaut un, trouve la lettre qui correspond à ton chiffre.
- Je l’ai.
- Parfait, alors trouve un pays qui commence par cette lettre.
- Alors, oui, attends un peu… C’est bon, j’en ai un ! s’exclama-t-elle après un temps de réflexion.
- Très bien. Maintenant prends la dernière lettre du nom de ce pays, et trouve un fruit qui commence par cette lettre.
- Pas dur !
- Oh, je te fais confiance. Maintenant ouvre ta main, et lis ce que j’ai écris.
- Tu as marqué… Oh ? Mais comment tu savais ? C’est d'la magie…
- La voilà, ta vraie énigme : explique-moi comment j’ai su.”
La petite fille était perplexe. Comment sa grand-mère avait pu deviner le cheminement de sa pensée : il y avait trop d’étapes dans l’énigme pour que Mamita ait pu suivre chacun de ses choix… Elle reprit l’énigme depuis le début mais cette fois, elle choisit le cinq au lieu du sept. Étape suivante : quarante-cinq. Puis neuf. Oh, elle retombait sur neuf. Elle essaya les autres possibilités. On tombait toujours sur neuf. Marrant ! Du coup, on obtenait toujours quatre. Puis toujours la lettre d. Mais ensuite, comment deviner qu’elle allait choisir le Danemark. Elle aurait pu choisir… En fait, elle ne trouvait pas d’autres pays. Il n’y avait peut-être qu’un seul gros pays qui commençait par cette lettre. Ce qui amenait donc à la lettre k. Et pareil pour le fruit… Enfin non, il y avait bien le kumquat, mais elle n’aurait jamais pensé à ça en premier.
“- Excellent, Mamita. En fait, je n’ai jamais eu le choix. Malgré la complexité, à chaque fois il n’y avait qu’une seule réponse possible. Il faut que je me rappelle de celle-ci.
- Oh, oui, mon poussin. On en reparlera : on appelle ça l’illusion de la liberté. Allez, va voir Papidou, maintenant : il a ta prochaine énigme !”
La fillette était enchantée. Sa grand-mère avait réussi à la bluffer ! Surtout, elle ne s’attendait pas à ça de la part de Mamita. Ne pas se fier aux apparences, répétaient ses parents. Une fois encore, ils avaient raison.
“- Prête pour la suite, Sarite ?
- Oh que oui ! confirma l’enfant en récupérant la bandelette de papier.”
Grâce à lui, on peut se nourrir ;
On peut se fleurir de même.
Public, à tous il est ouvert,
Secret, il l’est pour ceux qui aiment se taire.