Une heure trente quatre. Bon sang, il est une heure trente quatre du matin ! Avec mon travail, mes horaires décalés et mes problèmes de sommeil, je me disais bien que c’était une mauvaise idée de vouloir se lever à deux heures... Mais si je me réveille vingt-six minutes avant mon alarme, franchement ça devient n’importe quoi.

Mon oreiller est trempé. Ce qui m'inquiète le plus, c’est que je suis incapable de dire s’il s’agit de sueur ou de larmes. Et c’est comme ça depuis que j’ai vu cette thérapeute. Je me sens à côté de mes pompes, je me dis que je suis anormale. Au mieux... Je suis allée à la bibliothèque universitaire. J’y ai passé un peu de temps, quelques matinées au moins. Je ne suis pas une spécialiste, mais j’ai une vision un peu plus claire de ce qu’on appelle la divergence mentale, la dissonance cognitive et les états de dissociation. Je me suis plongée dans le DSM-5. Vous ne connaissez pas ? Bienheureux que vous êtes... C’est la cinquième version du “Diagnostic and Statistical Manual”, l’outil de référence, il offre une classification très précise des troubles mentaux. Si vous n’êtes pas du domaine, passez votre chemin, parce que ça peut être une vraie descente aux enfers. Ce fût mon cas, et pourtant j’ai déjà un certain bagage du fait de mes études. Et tout ça pour quoi ? Pas grand chose en vérité. J'espérais plus ou moins tomber sur l’histoire de quelqu’un qui aurait vécu la même chose que moi.

Il y a bien des gens qui sont persuadés d’avoir été enlevés par des aliens, d’autres qui se croient les rois de Mars, et comme ça presque à l’infini... Mais je cherchais quelque chose de précis, quelque chose qui aurait fait référence à Nebba. C’est idiot, en le disant je me rends compte que je ne cherchais pas à poser un diagnostic, mais plutôt à prouver l’existence de Bordēn. C’est tristement logique. D’où le besoin de quelqu’un d’impartial et d’extérieur, bref un psy. Sauf que, jusque-là, le remède est pire que le mal.

Le docteur Chastain... On ne s'est pas vues très longtemps, à peine le temps de prendre officiellement rendez-vous, en fait. Elle n'a pas l'air mal, c'est même elle qui m'a conseillée de noter, d'écrire, d'analyser. C'est pas idiot. Je n'ai pas trouvé le courage de lui parler de Bordēn, pas comme ça, pas à notre première rencontre. Mais il faudra bien, à un moment ou à un autre.

C'est peut-être pour ça que je me sens si mal depuis que je l'ai vue. Mon esprit se défend. Comme un alcoolique qui est pris de malaise à l'idée de balancer ses bouteilles. Ce qui fait de moi une foutue junkie. La comparaison est violente, c'est pas par hasard : c'est pour me faire réagir, s'il est encore temps.

Une autre option, à peine plus rassurante, c'est que ceux qui ont inventé la synchronisation ont prévu un système de sécurité, comme une compulsion hypnotique. Ça paraît idiot, bien sûr. Mais il y a des choses bien plus étranges à Bordēn, si tant est que cette ville existe bien sûr.

Tout ça n'avance à rien. Maintenant que je suis levée, autant que j'en profite. J’enfile une robe de chambre et je m'installe à l'ordi. Comme souvent quand j'ai un moment de libre, je fais des recherches. Sur Nebba, bien sûr. Pour trouver une incohérence ou au contraire une preuve. Pour l'instant, ce n'est pas fructueux. Au moins, je me cultive.

Ce soir, j’oriente une nouvelle fois mes recherches sur la kéramyde. Je n'ai jamais rien trouvé, et sans doute que ce composé n'existe pas sur Terre. Mais il suffirait d'un détail, pas grand chose, le moindre petit indice... alors j'essaye.

La kéramyde est la base de la technologie du Protectorat. En pratique, elle est utilisée pour générer du froid, mais le plus souvent, ils s’en servent dans leurs moteurs à implosion. En tout cas, c’est leur source d'énergie principale, loin devant le khol. À la pression et la température standard, elle se présente sous forme d’une glace bleutée et translucide. Elle est très stable, sauf si elle est mise en contact avec des liquides. Si c'est le cas, elle s’oxyde très rapidement, générant une réaction terriblement endothermique. Je ne suis ni chimiste ni physicienne, mais il a bien fallu que j'apprenne leur jargon. Pour faire simple, endothermique ça veut dire qui prend de la chaleur. Et ça je confirme, quand la kéramyde entre en contact avec un liquide, ça génère beaucoup de froid. D'ailleurs, la toucher à main nue est notoirement une mauvaise idée. L'humidité du corps humain est suffisante pour déclencher la réaction d’oxydation... Brûlures garanties. Et quant au fait de respirer des paillettes de kéramyde, je vous raconte même pas : c'est la mort assurée.

J'arrive plutôt bien à lire les écritures du Protectorat. Mais j'ai beau m'appliquer, j'ai un mal fou à saisir leur formalisme scientifique. Je ne dépasse pas les concepts les plus simples. Et pourtant j'ai eu des instructeurs qui étaient machinistes. Sans compter Lorenz qui est d'une patience d’ange. Mais il n'y a rien à y faire. Ça ne veut pas rentrer. Peut-être que mes connaissances apprises sur Terre m'empêchent de comprendre celles de Bordēn.

En tout cas, j'ai essayé de me faire expliquer la composition physico-chimique de la kéramyde. Ce n'est pas simple dès lors qu'on a des bagages scientifiques diamétralement opposés. En admettant que j'ai bien compris, elle serait constituée de 8 atomes de carbones pour autant d’hydrogène. C8H8, dans notre formalisme. Ensuite, je leur ai demandé de me faire un dessin. Avec nos conventions, ça donnerait ceci :

Keramyde

Au centre des atomes de carbone, il y a... quelque chose. Mais même avec la meilleure volonté du monde, je n'ai pas réussi à me le faire traduire. Je suppose que c'est un nuage électronique, comme pour le benzène mais je n'en ai aucune certitude. Et si c'est le cas, rien de tel n'existe sur Terre. J'épluche internet à la recherche de quelque chose approchant. Il y a des tas de configurations en C8H8... mais pas avec cette forme. Enfin si, il y a bien le barrelene... Même atomes, en quantité identique, même configuration spatiale, à un détail près : pas de nuage électronique. À la place, une alternance de liaisons covalentes simples et doubles. Est-ce que c'est suffisant pour expliquer les propriétés chimiques différentes ? Oui, possible...

Je reviens sur un autre composé qui lui ressemble : le benzène, bien terrestre et qui lui aussi partage ses électrons surnuméraires dans un nuage électronique. Cette particularité en fait un produit très stable. Comme la kéramyde. Est-ce un hasard, ou une réminiscence de mes cours de chimie du collège? Je l'ignore, et je suis trop fatiguée pour trancher. Je laisse tomber pour cette nuit.

Il n'est pas encore 2 heures mais je me connecte néanmoins à Skype. On ne sait jamais, aussi improbable que cela paraisse, elle pourrait être en avance. Ah, zut ! Nicolas est connecté. Je ne sais pas pourquoi je dis zut, d'ailleurs. Ça me fait plaisir de le voir. C'est juste que cette nuit ce n'est pas pour lui que je viens, et j'ai peur qu'il soit déçu. Il donne beaucoup d'importance à notre histoire, et des fois j'ai l'impression d'être moins impliquée que lui. Ça ne loupe pas : il me contacte dans la minute.

“- Coucou ma poupée ! Tout va bien ? Tu as fait un remplacement ?
- Coucou, oui ça va... Et non : pas de remplacement. Qu'est-ce qui te fait penser ça ?
- Juste une supposition : tu ne travaillais pas aujourd'hui, donc j'essayais de comprendre pourquoi tu veilles si tard.”

Nicolas, il faut reconnaître qu'il a une très bonne mémoire : il se souvient de mon emploi du temps mieux que je ne le fais moi-même. J'essaye de détourner son attention.

“- Et toi ? Tu ne dors pas ?
- Je bosse. Enfin je bossais jusqu'à ce que je te vois : il y a des priorités. Et puis, je suis pas si utile que ça. C'est plutôt du boulot de créatif, je suis surtout là pour soutenir le reste de l'équipe.
- Ah oui, c'est le projet sur lequel vous avez du retard. Tu m'en as parlé !
- J'ai fait un peu plus que t'en parler. Je te l'ai décrit dans les moindres détails, bien au-delà de ce que j'ai le droit, d'ailleurs. Mais je peux comprendre que ça ne te passionne pas.
- Si, si, dis-je en essayant de paraître sincère. C'est le projet d'immeubles autosuffisants, je me souviens très bien.
- Oui, c'est ça. Hmm, tu n'arrivais pas à dormir ? Il y a encore quelque chose qui te tracasse. Tu peux me le dire, je suis toujours là pour t'écouter.
- Je sais, mais non ça va.”

Bon, au vu de la façon dont je me suis réveillée et de ce qui se passe dans mon monde imaginaire, je me demande si je suis pas en train de lui mentir un peu. Il mérite pas ça, mais je me vois mal lui parler de Nebba, comme ça, de but en blanc. Chéri, je ne sais plus si je te l'avais dit mais je suis une grande guerrière sur une autre planète. Bref, je le sens moyen.

“Je t'assure, c'est cool. Juste un peu de mal à dormir. Et puis...
- Tu me le dirais ? Tu peux prendre ton temps, bébé. Tiens, je pensais à quelque chose... ça pourrait te changer les idées, et moi j'aurais bien besoin de ça aussi.
- D'accord, tu penses à quoi ? Parce que là j'ai pas trop de...
- Un strip-tease ! Tu m'avais promis un strip-tease. Alors sauf si tu as quelque chose de mieux à faire, je veux mon strip-tease maintenant.”

Est-ce que je lui ai vraiment promis ça ? Honnêtement je ne sais plus. Disons que c'est possible, il est doué pour... Enfin, peu importe. Le truc, c'est que là, ça tombe mal. Et pas seulement parce que j'aime pas me mettre à nue.

“- Nicolas !! Franchement...
- Mon idée n'a pas l'air de t’enchanter autant que je le pensais. Oublie...
- C'est pas ça : j'attends de la visite !
- Ah oui ? À deux heures du matin, et en nuisette ? J'ai des raisons de m'inquiéter ?
- Mais pas du tout ! J'ai prévu un Skype avec mon filleul. Chez eux, il est vingt heures.”

Je vois que je ne l'ai pas convaincu. Il fait un geste désinvolte mais je sens qu'il est déçu.

“Je pensais lui montrer le programme que tu m'as passé. Je suis sûre qu'il va adorer : tu as vraiment de bonnes idées.
- Hmm mmm...”

J'ai beau dire ce que je veux, j'ai beau essayer de l’amadouer, rien n'y fait. Son regard devient distant. Je ne vois qu'une façon de m'y prendre. Je fais glisser ma robe de chambre, lui dévoilant ma poitrine. Je me sens idiote et tout sauf attirante, mais ça a le mérite de fonctionner.

“- Tout ça est à moi ? demande-t-il d'un ton impérieux.
- oui, lui dis-je dans un murmure.
- Je veux te l'entendre dire !
- Oui, tout ça est à toi. Je suis à toi.
- D'accord. J'accepte. Bon... Si j'ai compris, tu as d'autres choses à faire. Je te laisse. On se voit bientôt.”

Et voilà, il s'est déconnecté. Il me laisse pantoise et confuse. Je me rhabille, un peu déstabilisée. Il va être deux heures dans quelques secondes. Et ma sœur ne va pas tarder à...

“- Coucou Lizette !”

Pile à l’heure. Ça ne m’arrange pas vraiment. J’avais besoin d’un peu de temps pour penser à Nicolas. Je n’arrive pas à le gérer... En général, il est trop attentionné. Et tout feu tout flamme, le reste du temps. J’aimerais le dire autrement, mais dans les faits, il m’épuise... Et ça me terrifie ! Parce que je ne veux pas le perdre. Que ce soit dans ce monde ou dans l’autre, ma vie sentimentale est, au mieux, un échec. Aucune de mes histoires n’a jamais duré plus de quelques semaines. Il doit y avoir un truc en moi que les hommes sentent... Le dernier, c’était Matthias. Je sais d’ailleurs pourquoi j’y repense. A cause de sa fille.

“Hé ho, Elizabeth ma sœurette ? Tu es là ? J’étais étonnée de te voir à l’heure, c'est nouveau... Mais je me dis qu’en fait, tu t’es peut-être endormie devant ton ordi.
- Il y a quelques années, je suis sortie avec un homme divorcé, il avait la garde de sa fille.
- Pardon ?
- J’en ai parlé à personne. Je ne voulais pas me rajouter une pression supplémentaire. Elle s’appelle Iris. La petite, je veux dire. Elle avait quatre ans, à l’époque. Je ne vais pas te dire que je sais ce que c’est d’avoir des enfants. Mais j’ai été comme sa mère pendant 4 ou 5 mois.
- Je ne le...
- Il y a quelques jours, je l’ai revue ! Par hasard. Elle est passée à l'hôpital. Un accident du quotidien, un truc tout bête. Elle avait bien grandi, tu penses : elle a 11 ans maintenant. Quasiment une adolescente.
- Ah oui, ça a dû... te faire bizarre.
- Plus que ça : elle m’avait oublié, elle ne se souvenait de rien.
- Oh, c’est... ça craint.
- Oui, j’imagine qu’on peut dire ça.”

Tiens, c’est rigolo - ou pas -, c’est la première fois que je sèche ma sœur aussi vite. Sans doute parce que je lui ai coupé l’herbe sous le pied. En général, elle attaque directement en me demandant si j’ai un mec et en me parlant du sien. Chez Marisol, tout est sujet à la comparaison, tout est rivalité. Surtout quand c’est elle qui gagne. Mais cette fois, elle est silencieuse, elle n’a rien à dire.

“- Et, euh... Tu manges bien sinon ? Parce que tu as l’air fatigué.
- Ca, c’est sans doute parce qu’il est 2 heures du matin ici ! Et oui, je mange bien : j’ai dégusté des lasagnes ce midi. C’est une collègue qui les avait amenées, lui dis-je sans sourciller : la facilité avec laquelle ce mensonge m’est venu m’impressionne moi-même.
- C’est bien. Nous, ici, on se régale en ce moment. Nolan m’a offert un robot pour la cuisine. C’est un truc dernier cri, eh bien, tu me croiras ou pas, mais on se bat pour savoir qui fera la cuisine !
- Ôtes-moi d’un doute... Il est gris-de-perle ?
- Euh, oui. Pourquoi ?
- J’aurais été déçue s’il n’avait pas été top design !
- Eh bien, si, il l’est. Mais il est surtout au top de la technologie. Il se connecte sur internet pour chercher des recettes. C’est assez génial et c’est une vraie aide à la maison.”

La caméra tremble le temps que Marisol rejoigne sa cuisine, où tout respire l’aseptisé. Il doit s’agir d’un style feng-shui. Et le robot, il est bien là, qui trône tel le petit roi moderne de son domaine.

“- Il sait faire du Gloubi-boulga, au moins ?
- Tss tss, tu persifles Elizabeth. Ce truc coûte une blinde, je le reconnais, mais tu devrais essayer. Ça simplifie le quotidien.
- Papa et maman n’en avaient pas, et on a quand même mangé tous les jours.
- Ils n’avaient pas Skype non plus. Tu voudrais qu’on revienne au siècle dernier ? Et puis, en parlant d’eux, j’ai l’impression que tu ne vas pas les voir souvent en ce moment !”

Ok, je l’ai pas vu venir celle-là. Bon, il faut dire qu’entre Nicolas, mon boulot et mes escapades à Bordēn, je n’ai pas trop de temps à moi. Tu m’étonnes qu’elle me trouve fatiguée. J’ai parfois du mal à faire la part des choses entre mes différentes réalités.

“- Tu diras ce que tu veux, mais je crois que je vais quand même les voir plus souvent que toi !
- Mais enfin, Lizette, je vis à New York !
- Et moi, je sauve des gens...”

Là, j’ai franchi le Rubicon. Heureusement, ce n’est pas la première fois. Marisol pourrait même rebondir si elle le voulait, en me disant que dans ce cas, je devrais être docteur. On a eu cette conversation cent fois au moins. Mais même si je vais trop loin, même si je lui fais mal, de toute façon, j’ai perdu. C’est elle qui a le “six-figure salary”, c’est elle qui a l’amour, c’est elle qui a un mari et des enfants ! Elle le sait parfaitement bien. Et en passant l’éponge sur le caractère explosif de sa méchante sœur, c’est encore elle qui gagne...

“- Comment veux-tu qu’on procède ? me demande-t-elle, presque comme si rien ne s’était passé. Nolan est en train de leur brosser les dents, ils devraient bientôt avoir fini.
- Je pensais raconter une histoire à Luca, quand il se couchera.
- Via la tablette ?
- Oui. C’est pas pareil, mais...
- D’accord, faisons comme ça.”

Il y a un moment de flottement, où la tablette passe de pièce en pièce, de bras en bras. Howdy Ulysse, greetings Nolan, goodbye Marisol. Et coucou Luca ! Je sais bien qu’ils sont jumeaux ces deux-là, mais je peux les reconnaître d’un seul coup d’œil, et pas de doute, mon filleul est sans conteste le plus beau des deux.

“- Auntie Liz ! Tu viens quand ?
- I dunno Bunny. You want me to speak english?
- Nan, c’est ok, je parle bien.
- C’est vrai que tu parles bien ! Alors tu as fait quoi de beau ces derniers jours ?
- Le spectacle ! C’était le spectacle, tu avais oublié ?
- Ah mais oui, c’est vrai. J’ai pas encore vu les images, c’est pour ça. Racontes !
- Ben, c’était trop cool. Melinda was there too.”

Pas la première fois que j’en entends parler de cette Melinda. Il faudra que je creuse. Mais c’est le rôle d’une marraine de laisser le temps.

“- Mais toi, alors ? Tu jouais quoi ?
- A cowboy ! J’avais des revolvers et un chapeau.
- Trop bien, la classe. Et Ulysse ?
- Il était en knight. Avec l’armure.
- Un chevalier ? Mais normalement, les chevaliers et les cowboys ne se sont jamais rencontrés...
- Auntie... C’est un spectacle, c’est pour de faux !”

Judicieuse remarque. Cet enfant a plus de bon sens que moi. Je le laisse m’expliquer son spectacle, hommes des cavernes, pharaons, chevaliers, cowboys et cosmonautes. A travers ses propos enflammés, je crois y voir un panégyrique de l’esprit de conquête de l’être humain à travers les âges. Je sais que notre temps est limité - il a école demain -, mais je prends un instant pour le préparer à ma petite saynète. Je lance le plugin que m’a fourni Nicolas. Et alors, sous les yeux ébahis de Luca, commence à se dérouler l’histoire de Pyro, le petit dragon bleu. Je me laisse prendre au jeu, et je fais les voix des animaux : le Renard, le Sanglier et la Martre, très inquiets d’avoir un si étrange voisin. Entre chaque tableau, les personnages se déplacent dans un décor enchanteur. Pyro est triste, il ne fait que déclencher des incendies, et n’arrive pas à se faire d’amis malgré tous ses efforts. Mais viennent les Loups, sombres et terrifiants, qui veulent annexer la forêt. Alors tout le monde met ses différends de côté, et... et l’histoire finit bien, bien sûr. Quant à moi, j’ai réussi mon pari. De l’autre côté de l’océan, mon boutchou préféré s’endort avec des étincelles plein les yeux.

Ma vie sentimentale est peut-être un échec, mais ça au moins, je l’ai pas raté.